Pierre Carresse

Peintre
1936-2003 

UN VILLAGE NOMME BELLOCQ 

Pierre est né dans la maison Toubie en 1936 à Bellocq, village Béarnais. Le village, d’environ 900 habitants est une bastide dont le château qui a gardé quelques tours, domine le gave de Pau. Ce village où se trouvent sa famille, ses amis, où il peint, où il s’occupe de sa vigne et de son verger, apportant sa récolte à la cave coopérative, est une source de vie et d’inspiration pour Pierre.

DES JOURS HEUREUX, DES JOURS DIFFICILES RENCONTRE AVEC LA PEINTURE

Pierre a vécu en famille une enfance pauvre mais heureuse. Sa grand-mère s’occupe de lui pendant que ses parents travaillent. Sa grande joie : les boîtes de crayons de couleur que lui offrent son oncle et sa sœur aînée.

il vit entre une mère vigilante, âpre au travail dont il dira qu’elle l’a armé pour la vie et un père rigoureux… qui sera, non seulement le « chef de famille incontesté » mais un intellectuel actif, très engagé syndicalement.

Christiane LAÏFAOUI

Pierre, à l’âge de quatorze ans décide d’abandonner l’école pour aider son père agriculteur et viticulteur, handicapé à la suite d’un accident.

En 1956, bien que soutien de famille, pendant deux ans et demi, Pierre est mobilisé pour participer à la guerre d’Algérie. Il en revient profondément marqué.

En 1959, démobilisé, les travaux de la terre ne suffisant plus à faire vivre la famille, il part travailler à Hassi Messaoud dans un forage de puits de pétrole. Des années épuisantes physiquement et moralement. Son père meurt en 1962 sans qu’il puisse le revoir

En 1966 atteint de tuberculose, après quatre mois à l’hôpital, il est soigné pendant un an au sanatorium « Landouzy » à Cambo-les-Bains, où il participe à l’atelier du peintre Paul Rambié. Il s’initie à la peinture à l’huile et à la gouache.

Ce répit forcé lui permettra de lire à volonté et de s’exprimer pour la première fois par l’écriture…
Ce sera un rapprochement avec le père disparu qui écrivait lui-même, outre des textes littéraires, de nombreux articles pour la presse locale.

Christiane LAÏFAOUI

En 1967 de retour dans sa maison natale, il commence à peindre, au tout début, des êtres écorchés. La souffrance, le rouge dominent.

Puis, pour vivre, il part travailler à Fontainebleau chez un transporteur. Il peint les samedis et dimanches dans un grenier de 4 mètres carrés, sans chauffage, ni fenêtre, éclairé par une ampoule.

En 1970, son beau-frère crée une entreprise de location de chalets de vacances, Pierre et sa maman y travaillent. Ils vivent à la Bastide-Clairence, isolés, loin de tout, sans aucun confort, dans un ancien moulin « Le Péssarou ». Pierre peint avec peu de moyens, sur du contreplaqué des souvenirs de guerre et des scènes de la vie au village.

L’Entreprise fait vite faillite, et Pierre qui s’était porté garant à la demande de sa sœur, malade d’un cancer, remboursera seul les dettes. Sa sœur meurt en août 1971.

Enfin, en septembre 1971, retour à Bellocq. Pierre et sa maman Eugénie emménagent dans la maison natale de son oncle Albert, rue du Milieu. Il met ses terres en fermage, garde sa vigne, son verger et son petit bois. Il va pouvoir se consacrer à la peinture.

Il peint alors des paysans dans des intérieurs sombres et des paysages colorés.

L’ENFANCE EN PEINTURE

Dans son œuvre Pierre représente principalement les souvenirs de son enfance. Son enfance c’est le temps où les mains des paysans paraissent énormes aux enfants, où il n’y a ni voiture ni tracteur, où l’on mange des œufs tous les soirs.

Son enfance, c’est le temps

Des trois frères : Jésus, Taxi, Museau, les marginaux

Des prostituées : Fifi et la Poulotte

De « Riri la boulange » qui se fait, dit-on, payer en nature et fait sa tournée en 4CV.

C’est le temps

Du curé transporté dans une brouette après la messe, pour manger chez son hôte « La Poule au pot »

C’est le temps

Des mariages

De la course cycliste qui passe près du village et de ses cyclistes bien amochés

Du crieur public

C’est le temps

Des solitaires si présents tout au long des années, les premiers sont peints dans des bruns très sombres, attablés, seuls; ils prennent petit à petit des couleurs et par la fenêtre, derrière eux, on aperçoit les collines, les montagnes et enfin l’un d’eux se retourne, ouvre la porte et regarde…

jusqu’à devenir un homme recouvert d’un paysage

Alan Putood

Conter, raconter, reraconter c’est ce que fait Pierre tout au long de son œuvre

EXPOSITIONS

Pierre expose pour la première fois à Bayonne en 1968 dans une exposition de groupe, puis, tout au long de sa vie à Paris, Biarritz, Nancy, Nice, New-York, Strasbourg, Castres, Anglet, Saint-Lô, Perros-Guirec, Toulouse, Bègles, Avignon, Vienne (Autriche)…

Certaines de ses œuvres se trouvent en France, mais aussi à Bruxelles, Lugano (Suisse), New-York, Vienne (Autriche), au Canada, aux Pays-Bas, en Italie… Une de ses œuvres se trouve au Musée de la Création Franche à Bègles.

LA RENCONTRE

Rue de Seine, à Paris, à la galerie Duncan, j’ai acheté deux toiles de Pierre et après être tombée amoureuse de sa peinture, Je suis tombée amoureuse du peintre et nous nous sommes mariés.

Un village, non loin de Bellocq porte le nom « Carresse », c’est de ce village que vient le nom de famille de Pierre. Le nom « Carresse » apparaît dans le premier recensement effectué entre 1350 et 1400.